LA GENETIQUE EXPERIMENTALE

Fiche 42: Synthèse de la première partie:

Du génome aux phénotypes : comment les caractères héréditaires sont-ils contrôlés ?
ou : le gène est une unité de fonction qui peut muter.

Fiche synthèse

1. Nous avons rencontré toute une série d'exemples interdisant de confondre le phénotype et le génotype :


Le phénotype de référence peut être contrôlé par des génotypes différents : nous avons rencontré cette relation dans deux types de situations très différentes. Tout d 'abord, il peut exister un polymorphisme génétique naturel. Ce polymorphisme est plus ou moins grand, suivant le gène : parfois, quelques dizaines voire une centaine de formes allèliques d'un même gène co-existent dans une population. Cette co-existence signifie que ces allèles sont suffisamment fonctionnels pour ne pas être éliminés par le milieu. En première approximation, on peut considérer que leur phénotype est identique. C'est ainsi que nous avons rencontré plusieurs formes d'hémoglobine a ou ß qui ne donnent aucun phénotype particulier alors qu 'elles sont différentes de la forme la plus répandue (Fiche 19). Par ailleurs, chez les diploïdes, les génotypes homozygotes de référence ou hétérozygotes peuvent donner le même phénotype lorsque le caractère de référence est dominant (par exemple si le génotype a+/a+ donne le même phénotype que l 'hétérozygote a+/a -Fiche -. Cela peut être également vrai pour un double hétérozygote ( a/a+ b/b+ : Fiche ).
Un phénotype mutant peut être dû à des génotypes très divers. Par exemple, les modifications du transport de l'oxygène ne sont que l'une des causes des anémies héréditaires. Dans ce sous-ensemble, nous avons distingué des anémies dues à des modifications de la chaîne a ou de la chaîne b de l'hémoglobine (Fiche 33). Autre exemple rencontré, un phénotype auxotrophe peut être dû à la mutation de l'un des nombreux gènes intervenant dans la biosynthèse envisagée (Fiche 28/29). Ou encore, la coloration de l'oeil de la drosophile peut être modifiée par de nombreux gènes intervenant dans deux chaînes de biosynthèse ou dans le dépôt des pigments (Fiche 31).
Un gène peut intervenir dans la réalisation de plusieurs caractères. Le cas d'une maladie héréditaire avec des symptômes multiples illustre ce cas jusqu 'à la caricature (Fiche 30).
Il n'y a pas toujours une seule différence génétique entre la souche de référence et la souche mutante. Nous avons rencontré deux exemples de souches construites par l'expérimentateur dont le caractère mutant ne découle pas de la mutation d'un seul gène: il s'agit d'une souche à yeux blancs de la drosophile, dont les deux chaînes de biosynthèse sont interrompues, chacune à la suite de la présence d'un gène muté (Fiche31) et d'une souche de levure auxotrophe pour l'histidine et manquant de deux étapes enzymatiques (Fiche). Nous verrons que l'on peut être en présence de ce type de situation dans des conditions naturelles (Thème ?).
Plusieurs génotypes peuvent ne pas conduire à des phénotypes différents selon les conditions de milieu : Un enfant [pcu] avec un régime pauvre en phényl alanine ne présente pas de trouble particulier et ressemble tout à fait à un enfant [de référence]. Un mutant [auxotrophe] sur milieu additionné du produit convenable ne se distingue pas dans ces conditions de la souche de référence. Un mutant [résistant] ne se distingue pas de la souche de référence [sensible] en absence de l'agent toxique Tout cela confirme qu'une analyse qui se contente d'observer les caractères est largement insuffisante et mène à des erreurs.

2. En réalité, les études génétiques doivent être faites caractère par caractère puis gène par gène.

C'est ce que nous avons fait progressivement au long des 7 thèmes qui viennent d 'être présentés. Il suffit pour s'en convaincre de reprendre leurs titres.
Les caractères ne « passent » pas eux-mêmes d'une génération à l'autre. En réalité, l'hérédité est sous le contrôle de « facteurs » véhiculés par les cellules sexuelles (thème1).
Les facteurs imaginés par Mendel sont constitués d' ADN et sont maintenant appelés gènes. Leur nature moléculaire permet la stabilité au cours des générations et le contrôle de la synthèse des polypeptides, via la transcription et le code génétique (thème 2).
De manière semble-t-il contradictoire avec les mécanismes assurant la stabilité au cours de la réplication, on observe qu'un gène peut exister sous plusieurs formes dans les populations naturelles (thème3).
L'étude au laboratoire de la production de mutants chez la levure indique qu'ils proviennent d'infidélités de la réplication. Elles sont « naturelles » ou provoquées par les agents mutagènes. Les conditions de milieu peuvent révéler la diversité génétique qui provient de ces erreurs (thème 4).
Les caractères sont élaborés par des successions d'évènements biochimiques. Chacun de ces événements est sous le contrôle d'un polypeptide au moins, découlant lui-même de l'activité d'un gène (thème 5).
Chez un hétérozygote (référence + mutant ) un caractère peut être masqué par « l'autre » (thème 6) .
Lorsque deux mutants développent un même phénotype récessif, l' hétérozygote (mutant 1 + mutant) présente le caractère de référence ou le caractère mutant . Cette observation permet de mettre en évidence des gènes allèles (thème 7).


3. Toute cette première partie décrit des phénomènes qui découlent de la nature moléculaire du gène , responsable ici de trois propriétés, dont les deux premières appartiennent globalement à l' ADN.


Fait d'ADN, le gène est le plus souvent reproduit fidèlement à chaque division cellulaire. Cependant, le gène n'est pas une unité de réplication, celle-ci étant de taille beaucoup plus importante (on la nomme réplicon ).
Fait d' ADN, il est parfois reproduit avec des différences. Ces differences sont d 'importance variée, allant d'un nucléotide remplacé par un autre, jusqu'à des modifications beaucoup plus importantes. Capable de muter le gène n'est cependant pas une unité de mutation. En réalité, compte tenu des observations sur les polypeptides ou sur les gènes, la plus petite partie de l' ADN capable d' être modifiée est le nucléotide, que l'on peut considérer comme l'unité de mutation.
Fait d'ADN, il est transcrit en ARN, lui-même traduit en un polypeptide. Seule cette troisième propriété est propre au gène. Elle permet de le définir : le gène est une unité informationnelle qui contrôle la structure d' un polypeptide, unité de structure et de fonction biochimique . Nous avons abordé cette propriété de deux manières. La première est assez directe et biochimique. Elle permet de constater que la réalisation d' un caractère nécessite très souvent plusieurs polypeptides et donc autant de gènes fonctionnels.. Cela est assez facile à étudier dans le cas de la chaîne de biosynthèse d'un métabolite. L'étude de mutants montre qu'un polypeptide peut ne pas être fonctionnel lorsque le gène est modifié, soit au niveau d'un seul nucléotide soit à la suite d' une mutation de taille plus importante. La deuxième manière est indirecte, et purement génétique : il est en effet inutile de connaître les polypeptides pour définir des groupes de complémentation. Des mutants peuvent présenter le même phénotype à la suite de mutations affectant soit le même gène soit des gènes différents. Chacun des groupes correspond à la modification du même gène, dont la fonction est altérée. Cette analyse est extrêmement efficace puisque la fonction elle -même peut être ignorée sans que cela gène le raisonnement : on définit une unité de fonction, avant même de l'étudier.


4. On peut même résumer la première partie de manière encore plus resserrée.


Nous sommes partis d'observations de la vie de tous les jours : les membres d' une même famille se ressemblent. A l 'arrivée de cette première partie, nous pouvons résumer nos analyses sous forme d' un simple schéma très épuré, à la condition de bien prendre garde au sens de tous les élements et d'être capable de les illustrer par des exemples.

A partir de l 'information contenue dans le génome cellulaire, il y a édification des caractères (on peut dire aussi « réalisation des phénotypes ») grâce à l'action de polypeptides : cela est symbolisé par la flèche pointillée.
Un même génotype peut conduire à des phénotypes différents ; à l' inverse, un même phénotype peut être contrôlé par des génotypes différents. Le tout dépend du milieu, qui révèle ou non les différences informationnelles. C'est le sens des pluriels utilisés entre parenthèses.
Un génotype peut être constant au cours des générations, grâce à la réplication semi-conservative, qui est symbolisée par la boucle flêchée.
De manière implicite, les pluriels indiquent également la diversité des génotypes : elle est due aux mutations, qui sont la source de la variabilité des êtres vivants Ces quatre points sont eux-mêmes contenus dans le titre choisi pour la première partie qu'il est utile de relire et de méditer afin de constater ... que tout y est!!. Constatez-le vous même, ce qui est un exercice intéressant pour vérifier que, maintenant, le sens de tous les mots est devenu clair et précis. Du génome aux phénotypes : le gène est une unité de fonction qui peut muter ou comment les caractères héréditaires sont-ils contrôlés et réalisés. Nous allons maintenant nous intéresser à une deuxième partie, dont le titre est également très révélateur, nous le verrons :

D'une génération à l 'autre ou comment les gènes sont -ils transmis et brassés ?

©Conception et réalisation

Document modifié, le 13 février, 2007