Fiche expérimentale : interprétation et conclusion
Les analyses génétiques doivent être faites sans se presser, en ne négligeant aucune étape. Une erreur classique consiste à étudier globalement et sans précautions l 'ensemble des caractères. En réalité, on doit tout d 'abord examiner si chacune des différences phénotypiques est (ou n 'est pas) sous un contrôle génétique simple. En un mot, on doit faire ici pour chaque caractère ce que nous avons fait dans le chapitre précédent.
Analyse caractère par caractère.
Analyse en spores.
Considérons tout d 'abord le caractère [his-] / [hist+] : les [ his-] sont au nombre de 499 ( 241+ 258 ) , les [ his+ ] au nombre de 501 ( 252+249 ). Dans le chapitre précédent, nous avons vu que l 'on attend des proportions de 50% [his-] et 50% [his+] dans l 'hypothèse d 'une seule différence génétique entre les deux souches, en ce qui concerne le caractère étudié. C 'est manifestement le cas ( ). Nous conserverons donc l 'hypothèse et nous noterons a et a+ les deux allèles du gène en cause ().
Considérons maintenant le caractère [ try- ] / [ try+ ] : les [ try- ] sont au nombre de 510 (252 + 258) , les [ try+ ] au nombre de 490 ( 241+249).Ces deux nombres peuvent ètre assimilés aux nombres théoriques( 500/500) (1). Nous ferons donc l 'hypothèse d 'une seule différence génétique entre [try-] et [try+] et nous noterons b et b+ les deux allèles du gène en cause ().
Analyses en tétrades
Si l 'on examine le caractère [his- /his+] on constate que les 250 tétrades comportent 2 spores [ his- ] et 2 spores [ his+] : cela confirme l ' hypothèse qu' un seul couple d 'allèles notés a / a+ est en cause .
si l 'on examine le caractère [try- / try+] on constate que les 250 tétrades comportent 2 spores [try-] et 2 spores [try+] : cela confirme l ' hypothèse qu' un seul couple d 'allèles notés b / b+ est en cause .
Analyse simultanée des 2 caractères, chacun étant à déterminisme monogénique.
On observe quatre types de colonies. Certaines présentent l'ensemble des caractères soit du parent P1 soit du parent P2: elles sont [his-tyr+] ou [his+tyr-]. Ces associations de caractères sont parentales: les génotypes sont a-b+ et a+b-.
D'autres colonies présentent des associations nouvelles des caractères [his+tyr+] et [his-tyr-]. On parle alors d'associatons non parentales (ou recombinées). Les génotypes sont a-b- ou a+b+. Leur présence indique que les caractères peuvent être l'objet de réassociations, à la suite de la méiose.
On constate qu'il en en existe trois types (et seulement trois, même si l'on étudie le nombre important de 250, égalant les 1000 spores étudiées en vrac).
I: 2 spores [his+tyr-]; 2 spores [ his-tyr+]: 45
II: 2 spores [his+tyr+]; 2 spores [ his-tyr-]: 41
III: 1 spore [his+tyr-]; 1 spore [ his-tyr+] ; 1 spore [his+tyr+]; 1 spore [ his-tyr-]: 164
Les tétrades I et II sont appelées ditypes, car elles ne comportent que 2 types de spores. Les tétrades de type I sont des ditypes parentales tandis que les tétrades de type II sont des ditypes recombinées. Les tétrades comportant les 4 types de génotypes sont dites tétratypes.
Obtention de tétrades ditypes
Elles peuvent être obtenues très simplement lors de la méiose (figure1) grâce à la migration du centromère.
Que l'on obtienne autant (aux réserves statistiques habituelles près) de ditypes parentales que de ditypes recombinées indique que les centromères migrent indifféremment à l 'un ou l 'autre des pôles.
4 catégories en quantité égale
Ainsi donc, lorsqu' un croisement met en jeu deux couples d 'allèles situés sur des chromosomes différents, les tétrades ditypes parentales (TDP) et les tétrades ditypes recombinées (TDR) sont en proportions égales, 50% des unes 50% des autres ().
Si l'on dénombre les produits de la méiose, les quatre catégories de combinaisons génétiques sont équiprobables ( ab+ = a+b = a+b+ = ab ).
Quel que soit le nombre de tétrades tétratypes et les raisons de leur existence (que nous étudierons dans le thème suivant), leur présence ne change strictement rien, puisque chacune d 'entre ellles comporte une spore de chacun des quatre génotypes possibles. Lorsque l'analyse est faite en spores, on s'attend donc à trouver autant de spores des 4 sortes possibles: [his-tyr+], [his+tyr-], [his+tyr+],[his-tyr-].
Dans le cas du croisement que nous étudions, les nombres observés ne sont pas statistiquement différents de ces nombres théoriques () et l'on peut considérer que les 4 catégories de génotypes sont chacune égale au quart de l'effectif observé.
Lorsque deux couples d 'allèles sont situés sur des chromosomes différents, les produits de la méiose forment quatre catégories génétiques en quantités égales chacune à 25 %.
Fréquence de recombinaison inter-chromosomique de 0,50
Une autre manière de présenter les résultats consiste à additionner les produits de la méiose qui sont différents des combinaisons génétiques des parents (ici 258 et 259) et à calculer leur fréquence, sur l'ensemble des individus (ici 1000).
On obtient ainsi la fréquence des recombinés ici 517/1000=0,517 en ce qui concerne les résultats observés, 0,50 si l'on considère des résultats théoriques, puisque chacune des deux catégories recombinées a alors théoriquement une fréquence de 0,25.
Là aussi on peut énoncer une proposition générale:
Lorsque deux gènes sont situés sur deux chromosomes différents, on dit qu 'ils sont indépendants.
La fréquence des recombinés est alors de 0, 50 ().
©Conception et réalisation
Document modifié, le 3 mai, 2007