1. Mise en évidence d'une liaison entre les gènes étudiés
Suivons tous les conseils prodigués dans les thèmes précédents et
ne brûlons
pas la moindre étape ! !
- l ' hypothèse d 'une seule différence génétique correspondant à la différence
phénotypique [ his-] / [his+] peut être conservée puisque nous observons 512
individus (439+73) [ his- ] et 488 individus (420+68) [ his+ ] (c2
non significatif)). Ce résultat confirme celui observé dans le thème
précédent (fiche46), ce qui n'est
pas étonnant puisque le même mutant auxotrophe pour l 'histidine est étudié.
Soient a et a+ les deux allèles du gène en cause
- l 'hypothèse d 'une seule différence génétique correspondant à la différence
phénotypique [met -] / [met+] peut également être conservée puisque nous
décomptons
507 individus ( 439+68 ) [ met+ ] et 493 individus (420+73) [met -] ( c2
non significatif ).
Soient b et b+ les deux allèles du gène en cause.
- nous constatons qu 'il existe une réassociation des caractères et que
qualitativement le résultat est le même que celui observé dans le thème
précédent : il existe
deux associations parentales et deux associations recombinées.
Les hypothèses envisagées sont jusque là strictement identiques à celles envisagées
dans le croisement [his-] X [ try-] du thème précédent (fiche46).
Mais l'observation
quantitative des résultats expérimentaux pose un nouveau problème :
en effet , si les deux couples d 'allèles a / a+ et b / b+ sont sur des chromosomes
différents, nous nous attendons à observer des quantités égales des 4 phénotypes
possibles (les deux parentaux, correspondant aux génotypes ab+ et a+b,
les deux recombinés, correspondant aux génotypes a+b+ et a-b- ). Comme ce
n 'est
pas le cas nous ne pouvons pas conserver l' hypothèse : les deux gènes envisagés
ne sont pas sur des chromosomes différents. Et,
s' ils ne sont pas sur des chromosomes différents... on voit mal comment ne pas
faire une hypothèse très simple : les deux gènes sont sur le même chromosome
!
Cette situation n 'empèche manifestement pas la production (aspect qualitatif)
de recombinés. Mais, on observe que les combinaisons parentales sont majoritaires
(aspect quantitatif) : il n 'y a donc pas indépendance génétique. On dit
qu' il
existe une liaison génétique ou que les gènes
sont liés.
2. Etude de tétrades et mécanisme de la recombinaison
intra-chromosomique.
Il y a ségrégation 2/2 dans toutes les tétrades,
pour la différence phénotypique [his-] / [his+] (donc un seul
gène en cause) . Il y a également ségrégation
2/2 pour la différence phénotypique [ met-] / [met+] (donc
un seul gène en cause).
Si ces deux couples d' allèles sont sur des chromosomes différents,
on s 'attend à observer autant de tétrades ditypes parentales
que de tétrades ditypes recombinées : ce n'est manifestement
pas le cas. Puisqu'on ne peut conserver l 'hypothèse de deux chromosomes
différents nous sommes conduits, comme dans l 'analyse des spores
en vrac, à imaginer que les deux gènes sont sur le même
chromosome.
L 'obtention de tétrades ditypes parentales correspond à une
succession d 'évènements qui est banale : après constitution
du diploïde, il y a duplication de l 'ADN,
appariement des
chromosomes homologues,
puis une deuxième division.
On obtient des tétrades
contenant 2 individus ab+ et deux individus a+b (figure1).
Ces tétrades ditypes parentales sont les plus nombreuses.
A côté d 'elles, on observe des tétrades tétratypes
( ab+ , a+b , a+b+ , ab ) et de rares tétrades ditypes recombinées
(2 a+ b+ et 2 ab) (
).
Ces tétrades tétratypes et ditypes recombinées proviennent
d 'évènements affectant l 'ADN : les longues molécules
appariées subissent des phénomènes de coupure et de
réunion, grâce à un arsenal complexe de protéines,
dont certaines ont des propriétés proches de celles des enzymes intervenant
dans les processus de réparation ( fiche ?). Ces phénomènes
se produisent après la réplication (fiche13) et affectent deux chromatides.
Lorsque les deux chromatides affectées sont issues de la même
molécule modèle (on dit qu 'elles sont soeurs), il n 'y
a pas de conséquence visible .
Par contre, lorsque les deux chromatides affectées sont issues de
molécules-modèles différentes (on dit alors qu 'elles
sont « non-soeurs »), il y a échange réciproque
de matériel génétique ou crossing over (
).
Si un seul crossing over se produit, les deux autres chromatides non-soeurs
restent intactes. A la suite des deux divisions de la méiose, on obtient
alors une tétrade contenant 4 spores différentes. Deux correspondent
aux chromosomes-fils intacts (deux génotypes parentaux) Deux spores
correspondent aux chromosomes-fils ayant subi un échange réciproque
( deux génotypes recombinés) : il s 'agit donc d 'une tétrade
tétratype (figure2,
étapes 5 bis, 6 bis, 7 bis et figure3).
Il peut se produire plusieurs crossing over. Lorsque deux se produisent
entre les deux gènes considérés et qu'ils affectent
les 4 chromatides, on obtient 4 spores de génotypes recombinés,
formant une tétrade ditype recombinée (figure2,
étapes 5 ter, 6 ter, 7 ter et figure3).
On observe que les tétrades ditypes recombinées sont plus
rares que les tétrades tétratypes, elles-mêmes plus
rares que les tétrades ditypes parentales.
Cela signifie que l 'absence de crossing over est plus fréquente
que l 'existence d 'un crossing over affectant deux chromosomes-fils différents,
elle-même plus fréquente que 2 crossing over affectant les
4 chromosomes fils:
pas de crossing over > 1 crossing over > 2
crossing over
3. fréquence des recombinés.
Le test statistique habituel montre très facilement que les deux
résultats observés, en spores ( 0,141) et en tétrades
( 0,126 ) ne sont pas significativement différents (
).
4. Recombinaison entre gènes et centromères
Nous avons vu qu 'il existe également des tétrades tétratypes
correspondant à quatre combinaisons génétiques dans
le cas de gènes situés sur des chromosomes différents.
Dans le thème précédent nous n'avons pas interprété leur
existence. Manifestement la migration des centromères ne peut les
expliquer . Par contre, la possibilté de crossing over permet d 'en
rendre compte : il suffit d' un crossing-over entre l 'un des deux
gènes et son centromère pour que l 'on obtienne une tétrade
tétratype, lorsque deux gènes sont sur des
chromosomes différents. Cela ne change strictement rien à la
fréquence de recombinés qui, dans le cas de chromosomes differents,
correspondent, rappelons le, à la migration aléatoire des
centromères. D 'ailleurs, en spores en vrac ou en gamètes,
rien n 'aurait été observé! (
).
Comme on peut l 'imaginer facilement, plus le gène est éloigné de
son centromère, plus il peut se produire de crossing over : la fréquence
de tétrades tétratypes obtenues lorsque l 'on croise deux mutants
permet d'estimer leur distance à leur centromère respectif
(
).