On peut traiter une maladie de deux manières. Soit en créant une drogue de synthèse (en entrant dans le domaine de la chimie), soit, dans le cas où la maladie est causée par l’absence d’une protéine, en remplaçant la protéine directement chez le malade. A l’heure actuelle, les déficits en antithrombine sont traités par transfusion de sang donné par des individus non malades. Avoir une source fiable et facile de protéine est donc un avantage thérapeutique majeur. Reste la question : comment la produire ?
A l’heure actuelle, les techniques de biologie moléculaire et l’augmentation de la précision des outils de la transgenèse font qu’il est assez aisé (toutes proportions gardées) de transférer un peu d’ADN (souvent de l’ADNc, c’est-à-dire une version "nettoyée" de l’ADN génomique) d’un organisme vers un autre. Cliquez sur le schéma ci-contre pour agrandir l’image.
Ces techniques sont coûteuses (le rendement des expériences de transgenèse est relativement mauvais, de l’ordre du millième, voire du dix-millième, pour obtenir un embryon et un sujet viable, soit beaucoup moins que pour un "simple" clonage), mais l’intérêt est évident : une chèvre produit l’équivalent de 90 000 prélèvements humains, et la protéine est produite dans le lait, ce qui la rend particulièrement facile à extraire. Tout est-il pour le mieux dans le meilleur des mondes ?
Pas tout à fait. Tout d’abord, GTC a annoncé que la molécule ne serait donnée qu’en substitution des fluidifiants classiques (exemple : les héparines), dans les cas où leur utilisation est déconseillée (principalement en contexte opératoire, où il existe un risque d’hémorragie). D’autre part, les animaux possèdent une particularité qui embête beaucoup les pharmacologues : leur système immunitaire. Il faut savoir que la protéine finale dépend du gène qui la code (d’une part), mais aussi de la manière dont elle est "pliée" (c’est comme un énorme fil : on peut faire les noeuds à différents endroits) sur elle même (ce qu’on appelle sa configuration, ou structure tertiaire). Or, ces mécanismes semblent être légèrement différents chez l’homme et chez la chèvre, aboutissant à une protéine de forme variante, que le système immunitaire humain a tendance à détruire.
Un autre facteur à prendre en compte est que des protéines mal conformées peuvent ne pas être éliminées par le complexe de la cellule appelé protéasome (et chargé d’éliminer les "plantages"), aboutissant à une accumulation de molécules dans la cellule, phénomène observé dans les maladies à prions (ESB, KJ...).
Malgré ces quelques difficultés à résoudre, qui sont communes à toutes les recherches de ce type, ce traitement représente une grande avancée au niveau de l’application des résultats de la recherche. Il est plus que probable que des annonces de ce type deviendront de plus en plus courantes dans les années à venir.