Fiche 36 : Comment classer des mutants de même phénotype grâce au test de complémentation fonctionnelle ?
Fiche expérimentale : interprétation et conclusion
Interprétation 1
En ce qui concerne le diploïde ( 1 + 2 ) qui ne croît pas sur milieu minimum , le résultat est le même que pour un diploïde formé à partir du doublement du même génome mutant ( 1 + 1 ). On en déduit que les deux mutants haploïdes ont subi une mutation touchant le même gène A. Le même polypeptide est affecté, la même étape enzymatique n'est pas correctement réalisée.
Lorsque le diploïde se développe sur minimum, ( 1+ 3 ou 2 + 3 ), on est conduit à raisonner par opposition avec l'interprétation qui précède : si la même étape enzymatique n'était pas réalisée, le diploïde ne pourrait croître sur milieu minimum. Puisque ce diploïde est prototrophe, c'est que l'étape métabolique affectée n'est pas la même chez les deux haploïdes.
Les mutations se produisent au hasard : dans le premier cas, elles ont affecté le même gène chez les deux auxotrophes étudiés (1 et 2). Dans le deuxième cas, elles ont affecté des gènes différents chez les deux auxotrophes en cause ( 1 et 3 ) . Il suffit d'écrire les génotypes pour comprendre ce qui se passe figure1 .
On voit donc que deux mutants dont les mutations ont affecté le même gène ne complémentent pas. Par contre, lorsque deux mutants haploïdes donnent un diploïde dont le phénotype est celui de la souche de référence, on en conclut que leurs mutations n'affectent pas le même gène ce qui permet la complémentation fonctionnelle.
Cette manière abstraite de considérer les résultats peut être illustrée au niveau de la chaîne de biosynthèse elle même (figure2) :
On peut constater que tout découle de l 'origine de ce phénomène de récessivité que nous avons étudié dans la fiche32 et qui est banal : une dose d'enzyme, un allèle de référence pour CHACUN des deux gènes permet un fonctionnement normal du diploïde doublement hétérozygote.
Laissons pour un moment le mutant 11 de côté.
On voit (figure3) que les mutants dont le phénotype est récessif peuvent être rangés en sous-ensembles correspondant à des mutations touchant le même gène :
- 1,2,10 (car les diploïdes 1-2 ,1-10, 2-10 sont auxotrophes) : groupe I
- 5,8 (car le diploïde 5-8 est auxotrophe) : groupe II
- 6,9 ( car le diploïde 6-9 est auxotrophe) : groupe III
Un mutant de l'un de ces groupes complémente avec tous les mutants des autres groupes.
Cependant, si le lecteur ne s'est pas laissé distraire, il aura remarqué que le mutant 3 constitue un groupe à lui tout seul, puisqu'il complémente avec tous les autres mutants ( il forme le groupe IV ). Il en est de même pour le mutant 4 ( il forme le groupe V ) et le mutant 7 ( il forme le groupe VI ). Cette très légère difficulté d 'analyse explique le titre de ce paragraphe : dans la pratique , on repère immédiatement les mutants faisant partie du même groupe de non complémentation, car il suffit de repérer les cases négatives dans le tableau. Il faut ensuite vérifier, comme nous l'avons fait ici que tous les mutants ont été pris en compte .
Par ailleurs le mutant 11 ne peut pas être étudié par ce moyen : son phénotype domine le phénotype de référence ce qui rend sans signification l'absence de croissance des diploïdes constitués avec les autres mutants.
©Conception et réalisation
Document modifié, le 22 janvier, 2007